exemple de courbe de tarage issue de BaRatin
Description de la source d’incertitude
La courbe de tarage (relation entre la hauteur d’eau et le débit en
un site déterminé), est principalement construite à partir des jaugeages
qui ont été réalisés sur une gamme de hauteurs.
Généralement, le nombre de jaugeages est insuffisant ou plus ou moins
bien réparti et la courbe de tarage doit être extrapolée à ses
extrémités : pour couvrir les besoins de prévision de crues (utilisation
des modèles en extrapolation, et de ressource en eau (étiage).
Un bilan réalisé par le Cemagref (2005) concernant 325 stations
du bassin hydrographique Rhône Méditerranée Corse (RMC) a montré que les
stations hydrométriques sont relativement bien jaugées jusqu’à une
période de retour inférieur à 2 ans, et que seulement 9 % de ces
stations disposent de jaugeages au-delà de la crue décennale. Les
besoins de prévision de crues vont bien au-delà de ces périodes de
retour ; notamment en cas de vigilance rouge.
Quantification de l’incertitude de la courbe de tarage
Partie interpolée de la courbe de tarage
Lors de l’élaboration de la courbe de tarage, la partie de la courbe
qui dispose de mesures de débit est tracée en cherchant à répartir le
plus équitablement possible les jaugeages en tenant compte de leur
incertitude de ± 10 % et ainsi obtenir une courbe moyenne.
Partie extrapolée de la courbe de tarage
Le tracé de la deuxième partie de la courbe (au-dessus du plus haut
jaugeage mesuré), implique une bonne connaissance du fonctionnement
hydraulique du cours d’eau. Elle résulte d’une extrapolation qui selon
les cas tient compte des méthodes : logarithmique, formules d’écoulement
(formules de Chézy, de Manning et de Strickler), méthode
d’extrapolation de la section mouillée et vitesse moyenne. Parfois, sur
les courbes de stations récentes, l’extrapolation a été prolongée
simplement avec des méthodes graphiques faute de jaugeage et de
modélisation.
- En régime permanent et uniforme (rivière à géométrie, pente et rugosité régulière)
On peut obtenir le débit en fonction de la hauteur d’eau dans le cas d’un régime permanent et uniforme.
La première tentative d’une formule émanait de Chézy : où le coefficient traduisait la forme de la section et des parois.
La formule de Manning-Strickler
est utilisée pour l 'estimation des débits dans des écoulements à
surface libre à partir du rayon hydraulique Rh ,de la section mouillée S
(surface mouillée évaluée par mesures topographiques), de la pente i de
celui-ci et d’un coefficient de rugosité K qui traduit le frottement de
l’eau sur le sol dépendant de la nature des matériaux du cours d’eau
(appelé coefficient de Strickler).
Une généralisation de la formule de Manning-Strickler se traduit à
travers des modélisations hydrauliques avec des logiciels libres comme
HEC-RAS et surtout Mascaret (outil conseillé par le SCHAPI).
Ces modélisations hydrauliques 1D peuvent prendre en compte également
différentes lois de seuils, approche des pertes de charges...
- Méthode d’extrapolation de la section mouillée et vitesse moyenne
Le débit
est le produit de la section mouillée S par la vitesse moyenne Vm
(extrapolée à partir des couples vitesse moyenne / cote limnimétrique
obtenus lors des jaugeages).
L’exercice consiste à traiter en fonction de la hauteur deux
courbes distinctes : celle de la surface mouillée qui est connue et qui
n’a donc pas d’incertitude, et celle des vitesses (avec incertitude)
dont les valeurs extrêmes peuvent être extrapolées. Concernant la courbe
des vitesses, elle est construite : d’une part d’après les jaugeages
réalisés pour la partie basse et moyenne, et pour la partie haute, par
extrapolation en fonction du type de rivière (plaine, montagne, pente
faible-forte, …) où des valeurs de vitesses moyennes maximum réalistes
sont connus.
Divers et perspectives
Lors de la validation de la courbe de tarage, le gestionnaire indique
les bornes de fiabilité inférieure (cote du jaugeage le plus bas) et de
fiabilité supérieure (cote du jaugeage le plus haut augmenté de 20 %
avec un maximum de 20 à 30 cm). Cette information donne déjà une
indication de l’incertitude des débits calculés en dehors de ces plages.
Il peut être indiqué également dans le logiciel BAREME : la cote du
seuil considéré comme noyé, et celle du débordement du lit mineur (cette
dernière information intéressante pour un SPC indique une incertitude
supplémentaire sur les débits calculés au-dessus de cette valeur.
Dans les chantiers en cours, dans le but de disposer des
incertitudes lors de l’élaboration de la courbe de tarage, intégration
dans le logiciel BAREME de la méthode Baratin (IRSTEA - J.Le Coz et B.
Renard) basé sur les approches bayésiennes et qui tien compte notamment
de l’incertitude des jaugeages et des conditions hydrauliques en
fonction des hauteurs.
Sur une courbe de tarage extrapolée dans des conditions plus ou
moins rigoureuses, une incertitude de ± 30 % peut-être atteinte dans sa
partie la plus haute.
Cas particuliers
Courbe en raquette : il existe sur certains cours d’eau, des courbes
de tarage avec hystérésis (courbe en raquette) ; c’est-à-dire une
relation hauteur/débit qui varie selon que l’on est en crue ou en
décrue.
Le phénomène est difficile à prendre en compte, car il faut une série de
jaugeages réalisés en montée de crue, et une autre réalisée en décrue
pour être sûr de cet effet. Dans la plupart des cas, l’effet raquette
maximal est inférieur ou égale à l’incertitude de mesure d’un jaugeage
de ±10 %, ou d’une courbe de tarage extrapolée avec une incertitude
supérieure à 10 %.
Phénomène d’alluvions : Sur certain cours d’eau (en général
connus et répertoriés), à l’occasion des crues, on observe régulièrement
un transit sédimentaire. Les matériaux provenant de l’amont vont soit
creuser soit combler le lit. Ces alluvions vont « fausser » les débits
qui résultent de la courbe de tarage au moment de la crue, en ajoutant
ou en enlevant de la hauteur d’eau. Quelques dizaines de centimètres en
plus ou en moins peuvent induire quelques dizaines de m3/s en plus ou en
moins. Si le phénomène est récurrent, on est dans le cas d’une courbe
en raquette.
Il peut arriver au cours d’une crue, du fait d’un transit
sédimentaire, qu’un creusement ou un comblement du lit par des matériaux
provenant de l’amont puissent « fausser » les débits qui résultent de
la courbe de tarage. Si le phénomène est récurrent, on est dans le cas
d’une courbe en raquette.
Influence de cette incertitude sur les prévisions de hauteur d'eau /de débit
À noter, le danger d’une courbe de tarage qui n’est pas suffisamment
extrapolée : dans certains outils de prévision des crues comme ULYSSE,
SOPHIE, une hauteur observée au-delà de la limite supérieure de la
courbe, amène à une extrapolation linéaire simple qui peut avoir de
graves conséquences opérationnelles.
Exemple. Au cours de la crue d’un niveau orange le 4 mai
2013 sur l’ouche, la courbe de tarage de la station de Crimolois n’était
extrapolée qu’à un débit de 175 m3/s dans le logiciel de prévision
SOPHIE (Fig. 3). La conséquence pour le prévisionniste a été l’affichage
d’un hydrogramme plat alors que les hauteurs continuaient d’augmenter.
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